19h ! Du haut des gradins, le public retient son souffle. Des prières muettes sont adressées aux dieux de ľ’arène, portées par les chants traditionnels des cantatrices sérères. La pression est à son comble et au cœur de l’arène, deux mastodontes à la peau noire, couverts de gris-gris se jaugent en attendant le coup de sifflet de l’arbitre.
On est dimanche, jour de combat de lutte sénégalaise.
La lutte sénégalaise, est un élément important dans certains groupes ethniques au Sénégal, en raison de son caractère à la fois mystique et divertissant.
A titre d’exemple, chez les sérères et les diolas, les tournois appelés « mbapatt » marquent la fin de ľ’hivernage et célèbrent l’abondance de la récolte.
Ces jeux rassemblent les champions de plusieurs villages et les gagnants sont récompensés par des denrées, bétail ou autre.
Tout autour de ce sport gravitent des rites à caractère mystique qui sont effectués pour protéger d’attaques spirituelles dans un premier temps, et assurer la victoire.
Qui dit lutte dit donc folklore. Les lutteurs pénètrent dans l’arène escortés de toute une délégation chargée de l’attirail mystique. Des potions, talismans et autres sorts sont dans un camp comme dans l’autre dans le but de se protéger, ou d’intimider ľ’adversaire.
S’ensuit une animation « bàkk » où le lutteur et sa suite se mettent en formation face au tambour major qui au rythme du tam-tam va chanter les exploits du combattant. Celui-ci n’hésitera pas à esquisser des pas de danse et montrer ses muscles saillants pour déchaîner la foule de spectateurs.
De nos jours, ce qui était considéré une épreuve de courage et d’adresse est devenue un sport de combat professionnalisé incluant des éléments de boxe d’où l’appellation lutte avec frappe.
Le CNG est l’organe de régulation de la discipline et le règlement indique qu’il y a victoire en cas de chute de l’un des lutteurs sur la tête,les fesses ou le dos; de 4 appuis( deux mains et deux genoux) ou par KO.
Du fait de cette réglementation, plusieurs écoles de lutte s’organisent pour former des jeunes au métier de lutteur, « mbër » en wolof.
Ce sport national est très apprécié au Sénégal du fait de sa valeur traditionnelle.
Assister à un combat de lutte sénégalaise vous permettra, sans doute, de faire l’expérience de l’authenticité sénégalaise et de se connecter à une culture dans toute sa splendeur.